Willy Hess, le chercheur qui découvrit beaucoup d’œuvres de Beethoven

Par Miriam Allemand

Willy Hess est un musicologue et compositeur suisse et l’un des plus importants spécialistes de Beethoven. Il est né le 12 octobre 1906 à Winterthur, dans le canton de Zürich, en Suisse.

Ses deux parents étaient doués pour les arts. Son père était propriétaire d’une marbrerie et fabrique de pierres tombales. Sa mère lui a fait donner des cours de violon quand il a eu onze ans. En ce temps-là, Willy Hess a commencé à apprendre le piano en autodidacte et à composer. Plus tard, il a retravaillé quelques-unes de ses premières œuvres et les a publiées en leur donnant le titre “Klavierstücke op. 25”.[1]

Peu après son entrée au Gymnasium (collège et lycée) de Winterthur, ses parents l’ont inscrit à l’école de musique de cette ville. Là, il a suivi des cours de violon auprès du chef d’orchestre Ernst Wolters et de piano auprès d’Otto Uhlmann. Ce dernier lui a aussi enseigné l’harmonie, la forme et le jeu avec partition.

Willy Hess aurait voulu étudier uniquement au conservatoire de musique, mais sa mère l’a poussé à étudier au Gymnasium (collège et lycée) pour passer sa Matura, un diplôme qui ouvre l’accès à l’université. S’il avait étudié uniquement au conservatoire de musique, il ne serait pas allé étudier un semestre à Berlin. Or, ce séjour a été à « la base de ce qui est devenu la tâche de ma vie et m’a apporté une reconnaissance internationale : la recherche sur Beethoven. »[2]

C’est au Gymnasium qu’il a décidé de ne jamais boire d’alcool et de ne jamais fumer. Il n’allait pas dans les locaux enfumés, même si cela l’a tenu éloigné de certains cercles qui auraient pu contribuer à son succès professionnel. De plus, il a mangé végétarien pendant de nombreuses années. Mais il haïssait toute forme de fanatisme et pouvait être ami avec des personnes qui n’étaient pas de son avis.

Son premier contact avec la musique de Beethoven a eu lieu quand il avait 16 ans, dans un foyer pour les jeunes qu’il fréquentait pendant ses vacances. Une personne qui est venue travailler dans ce foyer, Selma Heim, jouait bien du piano. Elle lui a fait connaitre les symphonies de Beethoven pour piano à quatre mains, qu’ils jouaient ensemble.

Il a étudié la théorie de la musique, la composition et le piano au Conservatoire de musique de Zürich et la musicologie aux Universités de Zürich et de Berlin. En 1927, il a obtenu son diplôme d’enseignement du piano. Depuis cette année, il a assisté à des représentations d’opéras de Wagner à Bayreuth, mises en scène par Siegfried Wagner, qu’il admirait beaucoup.

Il a passé un semestre à Berlin, où il a étudié la musicologie et a suivi des cours de basson. À la Preussische Staatsbibliothek (Bibliothèque d’État prussienne) de Berlin, il a découvert des manuscrits inédits de Beethoven, dont beaucoup d’œuvres que l’on croyait disparues. Cette activité l’a passionné, c’est pourquoi il a décidé de se mettre au service de Beethoven.

Il a choisi le métier de musicien d’orchestre parce que cela lui permettait de devenir indépendant financièrement tout en lui laissant le temps de composer et rechercher librement. Il n’aimait pas l’académisme de la musicologie telle qu’elle était pratiquée de son temps. Il trouvait qu’elle était « sans contact avec la vie vivante. »[3] C’est pourquoi il n’a pas voulu entreprendre une carrière universitaire. L’alliance du musicien d’orchestre et du théoricien s’est révélée riche de bénédictions pour son travail de compositeur et de chercheur sur les œuvres de Beethoven, d’autant plus que certaines d’entre elles étaient à compléter.

Après son séjour à Berlin, il a enseigné le piano et joué du basson dans des orchestres, composé de la musique et a écrit sur elle. De l’automne 1942 à la fin de la saison 1970-71, il était engagé dans l’orchestre de la ville de Winterthur comme deuxième basson. Avec cet orchestre, il a joué entre autres sous la direction d’Andreae, Schoeck, Ansermet et Scherchen.

Willy Hess ne s’est pas seulement intéressé à la musique. Il était très intéressé par Sven Hedin, un chercheur suédois, dont il a cité la pensée dans son autobiographie : « Je préfère un opposant sincère à un faux ami. »[4] Il s’est aussi passionné pour les régions polaires. C’est pourquoi il a appris à lire le suédois et plus tard le norvégien et le danois. Cela l’a aidé quand il a réuni les chants populaires suédois et danois mis en musique par Beethoven. Il a écrit des articles, entre autres des récits de voyage en Suède, Norvège et Groenland.

Son amour de la nature est un des points communs qu’il avait avec Beethoven. Willy Hess était persuadé que la technique mènerait l’humanité à son anéantissement. Il était préoccupé par la pollution, la « mise en esclavage et le traitement inhumain de nos animaux »[5]. Toute sa vie, il a aimé les œuvres de Johanna Spyri (qui est l’auteur du livre « Heidi »), car ils correspondaient à l’idée qu’il avait sur l’industrialisation et la nature.

Il a écrit des Lieder. Les poèmes de Mina Salm et de Dora Haller en dialecte alémanique lui ont « ouvert le chemin de la composition de chants, mais aussi celui de mon style personnel »[6]. Il a aussi mis en musique des poèmes d’Erika Stiffeler, de Manfred Kyber, Joseph von Eichendorff et Hermann Hesse. Presque tous ses cycles de Lieder ont été édités par lui, car : « Qui nage contre le courant de son temps ne peut pas compter avec de grands succès extérieurs. »[7] Toutes ses œuvres sont tonales. Il était convaincu que la tonalité était une nécessité pour la musique et l’a défendu par ses écrits. Dans une préface à un recueil de Lieder (Aus Flur und Wald, sur des poèmes en dialecte suisse alémanique de Dora Haller), il critique le jazz. Il n’aimait pas non plus la musique rock.

Zentral Bibliothek Zürich – Lieu où sont déposées les archives de Willy Hess

Un jour, après un concert à Uster, Bernard Päuler s’est présenté à lui. Il était le propriétaire de la maison d’édition Amadeus à Winterthur. Il lui a passé commande d’une sonate en solo pour alto. Depuis ce jour, Bernard Päuler a publié beaucoup d’œuvres de Willy Hess, ainsi que sa biographie de Beethoven et des œuvres inédites de ce dernier complétées par Willy Hess. Il lui a aussi demandé d’écrire la basse continue (la partie de la main droite pour l’instrument d’accompagnement) de certaines œuvres baroques, dont “Die kleine Kammermusik” de Telemann. De toutes les œuvres contemporaines éditées par l’éditeur Amadeus, les siennes étaient celles qui se vendaient le mieux. Le public appréciait ses œuvres, mais pas les critiques, qui préféraient les compositeurs d’avant-garde.

Voici ce qu’il pensait des carnets d’esquisses beethovéniens :

« Je voudrais également corriger une idée fausse, ou plutôt une déformation de la réalité, dont se rendent coupables les théoriciens modernes à propos des carnets de croquis de Beethoven. Les esquisses compositionnelles de Beethoven, en particulier, montrent que le maître cherchait et essayait avec le sentiment et non avec le calcul, rejetait et rejetait encore avec le sentiment jusqu’à ce qu’il trouve sa véritable idée intérieure. »[8]

En 1931, le début de son « Index des œuvres de Beethoven manquantes dans l’édition complète » (“Verzeichnis der in der Gesamtausgabe fehlenden Werke Beethovens”) a été publié dans le 5e volume de la Revue annuelle suisse de musicologie (“Schweizerischen Jahrbuches für Musikwissenschaft”). Cet index a pris la forme d’un livre édité en 1957 chez Breitkopf & Härtel.

Le 12 février 1935 a eu lieu la première exécution d’un aria de Marcelline (opéra Fidelio), qui n’avait encore jamais été imprimé. Le 10 février 1937, Margrit Vaterlaus et Erwin Tüller ont chanté la première exécution du duo “Ne’ giorni tuoi felici”. Willy Hess a mis en partition le concerto pour piano de Beethoven de 1784 et le pianiste Edwin Fischer l’a joué.

Willy Hess a publié son livre « L’opéra Fidelio de Beethoven et ses trois versions » chez l’éditeur Atlantis. Il a ensuite trouvé de nouveaux manuscrits de Beethoven à Vienne. Laissons-lui la parole pour décrire une partie de son travail au service de Beethoven :

« En 1955, la guilde du livre Gutenberg m’a chargé d’écrire une biographie de Beethoven, parue en 1956 et épuisée en quelques années. En 1959, j’ai donné cinq conférences sur les œuvres scéniques de Beethoven à la haute école des adultes de Zürich, qui ont été publiées sous forme de livre en 1962. La même année 1959, j’ai pu présenter le premier volume de mes suppléments à l’édition complète de Beethoven.[9]

Cette série de publications a sa préhistoire ! Breitkopf & Härtel avait initialement l’intention de réviser et de réimprimer leur propre édition complète. J’ai élaboré des directives à ce sujet et plusieurs réunions ont eu lieu à Wiesbaden. Mais alors l’annonce d’une nouvelle édition complète lancée par la Beethoven-Haus de Bonn a fait irruption dans nos préparatifs comme une bombe. Cela rendait nos plans illusoires, et au lieu de réviser et d’ajouter à l’ancienne édition, la société m’a chargé de publier des volumes supplémentaires censés rassembler tout ce qui manquait à l’ancienne édition. Il a été publié de 1959 à 1971 :

1er volume : Chants italiens à plusieurs voix sans accompagnement (1959).

2e volume : Chants avec orchestre (1960).

3e volume : Pour instrument soliste avec orchestre 1 (1960).

4e volume : Œuvres orchestrales (1961).

5e volume : Lieder et chants avec accompagnement de piano. Canons et plaisanteries musicales (1962).

6e volume : Musique de chambre pour cordes (1963).

7e volume : Musique de chambre pour vents, pour vents et cordes. Œuvres pour une horloge musicale (petites orgues mécaniques associés à une horloge qui jouent automatiquement toutes les heures ou demi-heures[10]) (1963).

8e volume : Arrangements originaux pour piano de ses propres œuvres (1964).

9e volume : Œuvres pour piano, œuvres de musique de chambre avec piano (1965).

10e volume : Pour instrument soliste avec orchestre 2 (1969).

11e et 12e volume : Œuvres dramatiques 1, 2 (Opéra Fidelio dans la version originale avec toutes les variantes) (1967).

13e volume : Œuvres dramatiques 3 (Fidelio 1806, plus petites œuvres) (1970).

14e volume : Arrangements de chants populaires, suppléments et rectifications (1971). »[11]

Durant ces années de recherches et de publications, Willy Hess arrêta peu à peu d’enseigner et composa peu, car il n’avait pas beaucoup de temps. En effet, il était principalement à ce moment-là musicien dans l’Orchestre de la Ville de Winterthur.

Pendant cette période, il a travaillé aux Archives de Bonn, où le Prof. Joseph Schmidt-Görg, son fils le Dr Hans Schmidt et la Dr Dagmar von Busch-Weise l’ont aidé. Parmi ses relations, citons aussi son ami le Prof. Giovanni Biamonti (Rome), un autre important spécialiste de Beethoven.

Le volume des chants populaires que Beethoven a arrangé lui a demandé un énorme travail. Par chance, Willy Hess a reçu de l’aide de Copenhague, Stockholm, Moscou (Prof. Nathaniel Fischmann), Varsovie (Dr Zofia Lissa), Budapest (Dr Benjamin Rajecky) et Londres (Dr J. A. Parkinson).

Après avoir publié le dernier volume des œuvres inédites de Beethoven, Willy Hess a continué à consacrer du temps à l’œuvre du Maître : il a notamment prêté beaucoup d’attention au respect absolu de la volonté de Beethoven. Il l’a aussi défendu énergiquement « contre tout dénigrement puéril du Génie par une certaine sorte d’avant-gardistes. »[12] Un de ses articles, qui a paru en 1970 dans la Revue musicale suisse à ce sujet lui a valu des lettres enthousiastes. Dans ses “Beethoven-Studien” (études sur Beethoven), Willy Hess a donné en 32 articles un aperçu de son travail au service de Beethoven.

Willy Hess a écrit plusieurs ouvrages sur la musique. “Die Dynamik der musikalischen Formbildung” (La dynamique de la forme musicale) en deux volumes (Vienne 1960, 1964) est le résultat d’une synthèse du praticien créateur et du théoricien avisé qu’il était. Il a aussi publié de nombreux articles, entre autres dans les Annales suisses de musicologie.

À propos de la forme musicale, il était d’accord avec « la phrase merveilleuse d’Hindemith : « La musique est parente avec la mathématique, mais elle n’est pas une mathématique. » »[13] Selon Willy Hess, « Ce que chaque vrai maître ressentait et savait (…) : Le processus de création artistique est un mélange mystérieux de forces mesurables et non mesurables, de réflexion et d’intuition. »[14]

Willy Hess a défendu par ses écrits le droit de composer de la musique tonale, même au 20e siècle, contre l’Avant-garde qui voulait imposer son style à tous. À ce sujet, il a écrit entre autres “Parteilose Kunst, parteilose Wissenschaft. Eine Auseinandersetzung mit dem Zeitgeist in der Musik” (Art sans partis, science sans partis. Une explication avec l’esprit du temps dans la musique) éditions Hans Schneider, Tutzing, 1967, et “Vom Doppelantlitz des Bösen in der Kunst, dargestellt am Beispiel der Musik” (le double visage du mal dans l’art, illustré par l’exemple de la musique) éditions F. J. Lehmanns, Munich, 1963.

Ses archives se trouvent à la Zentralbibliothek (bibliothèque centrale) de Zürich.

Willy Hess a toujours composé des œuvres tonales. Ses compositions comprennent environ 150 Lieder avec piano, plusieurs cycles de chants avec orchestre, deux opéras, une symphonie, des concertos pour soliste, un double concerto pour violon, alto et orchestre ainsi que de nombreuses œuvres de musique de chambre. Il a écrit des sonates, entre autres pour basson et petit orchestre, alto et piano, alto et basson, alto solo, flûte et violoncelle ainsi que flûte et piano.

L’année de son 70e anniversaire, à 69 ans, il a écrit son autobiographie “Aus meinem Leben” (De ma vie). Dans la conclusion de celle-ci, il a écrit qu’il regrette de ne pas avoir pu entendre beaucoup de ses œuvres, mais qu’il est reconnaissant et content d’avoir vécu beaucoup de belles choses positives et qu’il est heureux d’avoir été choisi par le destin pour accomplir son travail.

En conclusion, voici un conseil de Willy Hess: «Mes chers amis, si jamais le découragement ou le pessimisme vous envahit, cherchez alors des tâches, qui requièrent tout votre dévouement. »[15]

Photo de Willy Hess

Photo de Willy Hess dans sa biographie de Beethoven « Aus meinem Leben ».

Photo de Willy Hess dans sa biographie de Beethoven

Villa Rychenberg siège du Musikkollegium Winterthur Nord

Villa Rychenberg siège du Musikkollegium Winterthur Ouest

Villa Rychenberg siège du Musikkollegium Winterthur Sud 1

Villa Rychenberg siège du Musikkollegium Winterthur Sud 2

Quelques publications de Willy Hess sur la musique et sur l’art (en allemand)

  • Verzeichnis der nicht in der Gesamtausgabe veröffentlichten Werke Ludwig van Beethovens. Zusammengestellt für die Ergänzung der Beethoven-Gesamtausgabe, Wiesbaden, Breitkopf & Härtel, 1957.
  • Parteilose Kunst – Parteilose Wissenschaft. Eine Auseinandersetzung mit dem Zeitgeist in der Musik, Tutzing, Schneider, 1967.
  • Beethoven-Studien, Bonn, Beethoven-Haus, 1972 (Schriften zur Beethoven-Forschung, Reihe IV, Band 7).
  • Studien zu seinem Werk, Winterthur, Amadeus-Verlag, 1981
  • Das Fidelio-Buch, Winterthur, Amadeus-Verlag, 1986.
  • Hinter den Kulissen. Momentbilder und Anekdoten aus dem Leben eines Orchestermusikers, Winterthur, Ed. Swiss Music, 1992
  • Vom Doppelantlitz des Bösen in der Kunst, J. F. Lehmann, München, 1963

Sources

Willy Hess, Aus meinem Leben, éditions Werner Classen, Zürich 1976

Willy Hess : Beethoven, éditions Amadeus, Winterthur 1976

Zur Erinnerung an Willy Hess 12. Oktober 1906 bis 9. Mai 1997

Willy Hess (Komponist) – Wikipedia

Œuvres pour orgue de Beethoven — Wikipédia (wikipedia.org)

Cet article a été écrit par Miriam Allemand pour lvbeethoven.it.

[1] Chris Walton “Laudatio auf Willy Hess” in “Zur Erinnerung an Willy Hess 12. Oktober 1906 bis 9. Mai 1997” (“Discours à la louange de Willy Hess” dans “En souvenir de Willy Hess 12 octobre 1906 au 9 mai 1997”) p. 18.

[2] Willy Hess, Aus meinem Leben (De ma vie) éditions Werner Classen, Zürich 1976, p. 20.

[3] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 57.

[4] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 78.

[5] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 140.

[6] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 116.

[7] Willy Hess, Aus meinem Lelben, p. 122.

[8] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 117.

[9] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 128.

[10] https://fr.wikipedia.org/wiki/Œuvres_pour_orgue_de_Beethoven#Œuvres_pour_orgue_mécanique

[11] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 128 et 129.

[12] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 130-131.

[13] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 133.

[14] Willy Hess, Aus meinem Leben, p. 133.

[15] Willy Hess “Mein Abschiedsgruss” in “Zur Erinnerung an Willy Hess 12. Oktober 1906 bis 9. Mai 1997” (“Mes salutations d’adieu” dans “En souvenir de Willy Hess 12 octobre 1906 au 9 mai 1997”) p. 13.

Alcune risorse su Willy Hess: autografi, composizioni, prime edizioni

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